Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la douceur, il les pria de prendre dans leur barque trois de ses gens qu’il voulait envoyer à leur cacique. Ils y consentirent ; mais ce fut pour payer d’une horrible ingratitude le bienfait qu’ils venaient de recevoir. À peine furent-ils arrivés dans leur ville, qu’ils sacrifièrent ces trois députés à leurs idoles. Fernand Soto fut menacé du même sort : il s’était mis avec quelques Américains sur une autre barque, accompagné d’un seul valet ; et, dans l’empressement d’arriver à Tumbez, il entrait déjà dans la rivière, lorsqu’il fut aperçu de Diègue d’Aguezo et de Rodrigue Lozan, qui, étant sortis des vaisseaux, se promenaient vers l’embouchure ; ils firent arrêter la barque, sans autre motif que la prudence, puisqu’ils ignoraient encore le malheur des trois autres Espagnols ; ils lui conseillèrent de ne pas risquer inutilement sa vie, qu’il aurait perdue sans doute par la même trahison.

Après cette action, on doit bien juger que les Américains n’étaient pas disposés à fournir des barques pour la descente des troupes : aussi ne reçut-on d’eux aucune offre de secours. Pizarre, Fernand et Jean, ses frères, Vincent de Valverde, Soto, et les deux Espagnols dont le conseil lui avait sauvé la vie, furent les seuls qui passèrent la nuit à terre : ils la passèrent à cheval. Pizarre, ses deux frères et Valverde étaient mouillés, parce que la barque sur laquelle ils étaient venus, et que les Espagnols ne savaient point gou-