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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/304

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mal des intentions d’un si grand prince ; que, sans négliger de justes précautions, on devait employer toutes les voies pacifiques avant d’en venir à la guerre, et que l’obscurité qu’on trouvait dans les termes de l’inca n’était peut-être que dans l’explication de l’interprète. On résolut néanmoins de continuer la marche vers Caxamalca, où l’on espérait toujours trouver le prince. Dans tous les lieux du passage, l’accueil des habitans fut magnifique. Ils apportaient diverses sortes de viandes et de liqueurs, et l’on remarqua de toutes parts qu’ils n’avaient rien épargné pour les préparatifs. Ayant observé que les chevaux mâchaient leur frein, ils s’imaginèrent que ces animaux extraordinaires se nourrissaient de métaux : ils allaient leur chercher de l’argent et de l’or en abondance, et les leur présentaient. Les Espagnols, comme on se l’imagine, se gardèrent bien de les détromper.

Pour répondre à la députation du prince, le gouverneur lui envoya Fernand, un de ses frères, et Soto. Ils ne le trouvèrent point dans la ville de Caxamalca. L’espérance d’affermir sa domination le retenait successivement en d’autres lieux, occupé à faire égorger tout ce qui tombait entre ses mains de la famille royale et des partisans de son frère. On ne saurait désavouer que cet emportement sanguinaire n’ati rendu sa mémoire odieuse. Le curaca, ou seigneur particulier de la ville, avait ordre de recevoir les fils du soleil avec