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il lui demanda la paix, et, prévenant jusqu’à ses défiances, il lui apprit qu’il s’était rassemblé à Cusco un grand nombre de Péruviens dont il croyait pouvoir garantir la soumission, parce qu’ils y attendaient ses ordres. Le gouverneur fit prendre aussitôt cette route à son armée. Quelques jours de marche le firent arriver à la vue de la ville ; mais ils en virent sortir une si épaisse fumée, qu’ils soupçonnèrent les Américains d’y avoir mis le feu. Un détachement de cavalerie que le gouverneur y envoya pour arrêter des effets qu’il attribuait à leur désespoir, fut repoussé avec une vigueur étonnante, et les hostilités durèrent toute la nuit ; mais, le jour suivant, Paulu ayant déclaré à la ville qu’il avait fait son accommodement, les Espagnols y furent admis sans résistance. Le butin en or et en argent fut plus riche encore que celui qu’ils apportaient de Caxamalca.

La joie du triomphe n’avait pas fait oublier au gouverneur la colonie de Saint-Michel, où il avait laissé fort peu de cavalerie. Avant son départ de Caxamalca, il y avait envoyé Belalcazar, avec dix maîtres ; détachement qui, dans une nation tremblante encore à l’approche d’un cheval, valait une armée. En arrivant, Belalcazar avait reçu les plaintes des Cagnares, peuple soumis aux Espagnols, et que cette raison exposait aux insultes continuelles de Ruminagui. Un heureux hasard fit aborder dans le même temps à Saint-Michel