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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/35

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nuit fort obscure pour aller se poster dans quelques endroits couverts de grands roseaux. Ils y enfoncèrent quantité de gros pieux, qui s’élevaient à fleur d’eau, et dont le seul choc était capable de nuire aux plus grands vaisseaux. Leur espérance était d’attirer dans cette forêt de roseaux et de pieux quelques-uns des brigantins qui allaient successivement en course. Ils avaient préparé trois ou quatre canots chargés de vivres pour les faire servir d’amorce. En effet, deux des quatre brigantins de Sandoval donnèrent dans le piége, sous le commandement de Pierre de Barba et de Jean Portillo. La vue des canots, qui se présentèrent fort habilement, et qui feignirent de prendre la fuite, excita si vivement les Espagnols, que, s’élançant vers les roseaux à force de rames, ils donnèrent au travers des pieux. En même temps les Mexicains parurent dans leurs barques, et vinrent à la charge avec une résolution désespérée. Barba et Portillo sentirent la grandeur du danger. Ils voyaient les brigantins comme immobiles ; et le seul effort des rames ne pouvait les tirer de cette situation. Ils prirent le parti de soutenir le combat pour occuper les ennemis pendant qu’ils firent descendre quelques plongeurs qui écartèrent ou coupèrent les pieux à force de bras et de haches. La liberté qu’ils eurent bientôt de se remuer les mit en état de faire jouer leur artillerie, et les barques n’y résistèrent pas long-temps ; mais la perte fut grande pour