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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/371

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de faire cesser une guerre dans laquelle tout se bornait de sa part à se défendre contre des tyrans qui menaçaient sa liberté et sa vie ; qu’en état comme il était de venger le sang de son père et celui de son aïeul, qui avaient été brûlés vifs à Xaragua, et les maux qu’on lui avait faits à lui-même, il ne laisserait pas de garder la résolution à laquelle il s’était attaché de ne commettre aucune hostilité, s’il ne s’y voyait contraint ; qu’il n’avait pas d’autres prétentions que de se maintenir libre dans ses montagnes ; qu’il s’y croyait autorisé par le droit de la nature, et qu’il ne voyait pas sur quel fondement on voulait le forcer à la soumission pour des étrangers qui ne pouvaient appuyer leur possession que sur la violence ; qu’à l’égard de l’offre qu’on lui faisait d’un traitement plus doux, et même d’une entière liberté, il serait le plus imprudent des hommes s’il se fiait à ceux qui, depuis leur arrivée dans l’île, n’avaient fait que violer leurs promesses ; qu’au reste, il se conserverait toujours dans les principes de religion que le père lui avait inspirés, et qu’il ne rendrait jamais le christianisme responsable des violences, des brigandages, des injustices, des impiétés et des dissolutions de la plupart de ceux qui le professaient. En vain le missionnaire répliqua : il fut écouté avec respect ; mais tout son zèle ne lui fit rien obtenir de plus. On fit chercher ses habits pour les lui rendre : ils avaient été mis en pièces ; et le cacique n’en ayant pas d’au-