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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/49

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courir incessamment d’une digue à l’autre, et de lui donner avis de tous les mouvemens des assiégés. Il distribua ses troupes avec tant d’intelligence, qu’à la faveur de cette disposition, il leur promit le repos dont elles avaient besoin pour la nuit. En effet, il ne fut troublé que par les supplications de plusieurs troupes d’habitans, demi-morts de faim, qui s’approchaient sans armes pour demander des vivres, en offrant de vendre leur liberté à ce prix. Quoiqu’il y eût beaucoup d’apparence qu’ils avaient été chassés des autres quartiers comme des bouches inutiles, ils firent tant de pitié à Cortez, qu’il leur fournit quelques rafraîchissemens pour leur donner la force d’aller chercher leur subsistance hors des murs.

Le jour suivant fit découvrir un grand nombre de Mexicains armés dans les rues dont ils étaient encore en possession ; mais ils n’y étaient que pour couvrir divers ouvrages par lesquels ils voulaient fortifier leur dernière retraite. Cortez ne leur voyant aucune disposition à l’attaquer, suspendit aussi la résolution de marcher à l’assaut. Il se flatta même de leur faire goûter de nouvelles propositions : l’extrémité où ils étaient devait lui donner d’autant plus de confiance dans ses offres, qu’elles pouvaient leur faire connaître que son intention n’était pas de profiter de ses avantages pour les détruire. Il chargea de cette commission trois prisonniers d’un nom connu ; et, vers le milieu du jour, il en conçut quelque espérance, lors-