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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/57

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qu’ils apprirent bientôt de leurs sentinelles, leur fit tomber les armes des mains. Ils se retirèrent avec un trouble dont Cortez ne pénétra pas tout d’un coup la cause, et qui ne fut éclairci qu’à l’arrivée du canot d’Holguin. Dans ce premier moment de triomphe, on dit qu’il leva les yeux au ciel, mouvement qui semble être celui de la reconnaissance et de la joie, et qui n’aurait dû être que celui du remords. Ensuite, ayant envoyé deux compagnies d’Espagnols au bord du lac pour y prendre Guatimozin sous leur garde, il s’avança lui-même après eux, dans le seul dessein de lui faire honneur en allant le recevoir assez loin.

Il lui rendit en effet ce qu’il crut devoir à la majesté impériale, et Guatimozin parut sensible à cette attention du vainqueur. Lorsqu’ils furent arrivés au quartier des Espagnols, toute la suite de ce monarque s’arrêta d’un air humilié. Il entra le premier avec l’impératrice. Il s’assit un instant ; mais il se leva presque aussitôt pour faire asseoir le général. Alors, demandant les interprètes, il leur ordonna d’un visage assez ferme de dire à Cortez « qu’il s’étonnait de le voir tarder si long-temps à lui ôter la vie : qu’un prisonnier de sa sorte ne causait que de l’embarras après la victoire, et qu’il lui conseillai d’employer le poignard qu’il portait au côté pour le tuer de sa propre main. ». Mais, en achevant ce discours, la constance lui man-