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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/103

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lier de plumes blanches. Ils ne sont pas moins carnassiers que les précédens. Les Espagnols leur donnent le nom de reyes gallinazos, non-seulement parce que le nombre en est petit, mais parce qu’on prétend avoir observé que, si l’un d’eux s’attache à quelque proie, ceux de l’autre espèce n’en approchent point jusqu’à ce qu’il ait mangé les yeux, première partie à laquelle il s’attache, et qu’il se soit retiré volontairement.

Les chauves-souris sont non-seulement innombrables dans toute la région chaude, mais si grosses, que Waffer les compare à nos pigeons. « Leurs ailes, dit-il, sont larges et longues à proportion de cette grosseur, et sont armées de griffes, aiguës à leur jointure. » Dans la province de Carthagène, le nombre en est si grand au coucher du soleil, qu’il s’en forme des nuées qui couvrent les rues. On les représente d’ailleurs comme d’adroites sangsues, qui n’épargnent ni les hommes ni les bêtes. L’excessive chaleur du pays obligeant de tenir ouvertes pendant la nuit les portes et les fenêtres des chambres où l’on couche, elles y entrent ; et si quelqu’un dort le bras ou le pied découvert, elles le piquent à la veine aussi subtilement que le plus habile chirurgien, pour sucer le sang qui en sort. « j’ai vu, dit Ulloa, plusieurs personnes à qui cet accident était arrivé, et qui m’ont assuré que, pour peu quelles eussent tardé à s’éveiller, elles auraient dormi pour toujours ; car elles avaient déjà perdu