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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/106

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il attaque, dans la même occasion, les bœufs, les chevaux, les mulets, et tout ce qui se présente à sa voracité. Le jaguar enfonce ses griffes dans les yeux de son ennemi, seul endroit que la dureté de son écaille laisse le pouvoir d’offenser ; mais le crocodile, se plongeant dans l’eau, y entraîne le jaguar, qui se noie plutôt que de lâcher prise. Les jaguars que l’académicien vit dans son voyage, et qui sont communs dans tous les pays chauds et couverts de bois, ne lui parurent point différens en beauté ni en grandeur des panthères d’Afrique ; ils n’attaquent guère l’homme, s’ils ne sont fort affamés. On en distingue une espèce dont la peau est brune sans être mouchetée.

La femelle du caïman dépose ses œufs sur le bord des rivières, et n’en pond pas moins de cent dans l’espace d’un ou deux jours : mais Ulloa observe qu’après avoir eu soin de couvrir de sable le trou qu’elle a fait pour les y laisser, elle a le soin de se rouler dessus, et même alentour, dans la vue apparemment d’en faire disparaître toutes les marques ; elle s’éloigne ensuite de ce lieu pendant quelques jours, dont il ne paraît pas qu’on ait observé le nombre, après lesquels elle revient suivie du mâle ; elle écarte le sable, et, découvrant ses œufs, elle en casse la coque. Aussitôt les petits sortent avec si peu de peine, que de la ponte entière il n’y a presque pas un œuf perdu. La mère les met sur son dos et sur les écailles de son cou pour gagner l’eau avec cette nouvelle peu-