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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/130

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corps, comme celui de la lamproie, est percé d’un grand nombre d’ouvertures, et qui a de plus la même propriété que la torpille : celui qui le touche de la main, ou même avec un bâton, ressent dans le bras un engourdissement douloureux, et quelquefois en est, dit-on, renversé, La Condamine ne fut pas témoin de ce fait ; mais il assure que les exemples en sont si fréquens, qu’il ne peut être révoqué en doute.

Les tortues de l’Amazone sont fort recherchées à Cayenne, comme les plus délicates. Ce fleuve en nourrit de diverses grandeurs et de diverses espèces, en si grande abondance, que seules, avec leurs œufs, elles pourraient suffire à la nourriture des habitans de ses bords. Il y a aussi des tortues de terre qui se nomment sabutis dans la langue du Brésil, et que les habitans du Para préfèrent aux autres espèces. Toutes se conservent, particulièrement les dernières, plusieurs mois hors de l’eau, sans nourriture sensible.

La nature semble avoir favorisé la paresse des Indiens et prévenu leurs besoins : les lacs et les marais qui se rencontrent à chaque pas sur le bord de l’Amazone, et quelquefois bien avant dans les terres, se remplissent de toutes sortes de poissons dans le temps des crues du fleuve ; et lorsque les eaux baissent, ils y demeurent renfermés comme dans des étangs et des réservoirs naturels, où la facilité ne manque pas pour les pêcher.