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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/16

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rée par quelque bête féroce. Deux jours après il voulut savoir ce qu’elle était devenue. Quelques soldats qu’il chargea de cet ordre furent surpris de la trouver pleine de vie, quoique environnée de jaguars et de cougouars qui n’osaient s’approcher d’elle, parce qu’une cougouare qui était à ses pieds avec ses petits semblait la défendre. À la vue des soldats, la cougouare se retira un peu comme pour leur laisser la liberté de délier sa bienfaitrice. Maldonata leur raconta l’aventure de cet animal qu’elle avait reconnu au premier moment ; et lorsque, après lui avoir ôté ses liens, ils se disposaient à la reconduire à Buénos-Ayres, elle la caressa beaucoup, en paraissant regretter de la voir partir. Le rapport qu’ils en firent au commandant lui fit comprendre qu’il ne pouvait, sans paraître plus féroce que les cougouars mêmes, se dispenser de faire grâce à une femme que le ciel avait prise si sensiblement sous sa protection. »

L’adelantade, parti dans l’intervalle pour chercher du remède à la famine, qui lui avait déjà fait perdre deux cents hommes, avait remonté le Rio de la Plata jusqu’aux ruines de la tour de Cabot. Là, Jean d’Ayolas, son lieutenant, par lequel il s’était fait précéder, l’ayant assuré que la nation des Timbuez ne désirait que de bien vivre avec les Espagnols, et qu’il trouverait toujours des vivres chez eux ou chez les Curacoas, il fit rebâtir l’ancien fort sous le nom de Bonne-Espérance ; ensuite il