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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/176

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Dans quelques endroits, les sentiers ont si peu de largeur sur le flanc des montagnes, que, contenant à peine les pieds d’une mule, le corps du cavalier, et celui de la monture sont comme perpendiculaires à l’eau d’une rivière qui coule cinquante ou soixante toises au-dessous. Ces terribles chemins se nomment laderes. Tous les voyageurs en parlent avec la même épouvante. Il n’y a qu’une indispensable nécessité qui puisse justifier la hardiesse de ceux qui s’y exposent, et quantité de malheureux y périssent. La seule compensation de ce danger, c’est qu’on n’y a rien à craindre des voleurs. Un voyageur chargé d’or et d’argent peut y marcher sans armes avec autant de sûreté que s’il était accompagné d’une nombreuse escorte. Si la nuit le surprend dans un désert, il s’y arrête et dort sans inquiétude, Si c’est dans une hôtellerie, il ne repose pas moins tranquillement, quoiqu’il n’y ait nulle porte fermée. Dans ces paisibles parties du Pérou, personne n’en veut au bonheur d’autrui.

Les phénomènes sont si fréquens sur la plupart des paramos, qu’ils causent autant d’effroi que de surprise à ceux qui n’y portent pas l’œil philosophique. Ulloa nous donne la description du premier qu’il observa. Il était sur la montagne de Pambamarca. « Un matin, au point du jour, les rayons du soleil venant dissiper un nuage fort épais dont toute cette montagne était enveloppée, et ne laissant que de légères vapeurs que la vue ne pouvait discer-