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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/18

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la Chandeleur. Les Guaranis l’avaient assuré qu’à cette hauteur, en marchant vers l’ouest, il trouverait des Américains qui avaient beaucoup d’or et d’argent. Il se fit débarquer vis-à-vis du port de la Chandeleur, où il renvoya ses bâtimens, et, les y laissant sous la conduite d’Irala, avec un petit détachement d’Espagnols, sous celle du capitaine Vergara, il se livra aux grandes espérances qu’il avait conçues sur le témoignage des Guaranis.

On ne peut douter qu’avant son départ il n’eût écrit à l’adelantade pour lui communiquer ses projets ; mais ses lettres ne parvinrent point à Buénos-Ayres. Les quatre mois s’étaient écoulés. Le silence de l’officier de la colonie auquel l’adelantade avait le plus de confiance, et qui la méritait le mieux, lui causa tant d’inquiétude, qu’il fit partir plusieurs personnes pour découvrir ce qu’il était devenu. Il avait déjà formé le dessein de retourner en Espagne. Une maladie considérable, qui augmenta son chagrin, lui fit hâter cette résolution. À peine fut-il en état de souffrir la mer, qu’il mit à la voile avec Jean de Cacères, son trésorier, après avoir nommé, en vertu de ses pouvoirs, Ayolas gouverneur et capitaine- général de la province. Il partit le désespoir dans le cœur. Lorsqu’il fut en mer, tous les élémens semblèrent conspirer contre lui. Ses provisions se trouvant épuisées ou corrompues, il fut réduit à manger d’une chienne qui était près de faire ses petits ; et cette chair infecte, jointe