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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/180

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), que le Brésil fut découvert par Alvare-Cabral, qui ne pensait point à le chercher. Le zèle ne fut pas d’abord fort ardent pour y établir des colonies : on se contenta d’en apporter du bois de teinture, dont le pays tira son nom de Brésil, car la partie découverte par Cabrai s’appela d’abord terre de Sainte-Croix ; on en tirait aussi des singes et des perroquets, marchandises qui ne coûtaient que la peine de les prendre, et qui se vendaient fort bien en Europe. Cependant la cour de Lisbonne fit transporter au Brésil quelques misérables, condamnés à d’autres châtimens pour leurs crimes, et des femmes de mauvaise vie dont on voulait purger le royaume.

On assigna même à quelques seigneurs des provinces entières, dans l’espérance qu’ils y rassembleraient des habitans. La terre coûtait d’autant moins à donner, que l’état n’y faisait aucune dépense. Enfin le Brésil fut engagé à ferme pour un revenu assez modique ; et le roi, content d’une nouvelle souveraineté, se réduisit presqu’au titre. Les Indes orientales attiraient alors toute l’attention des Portugais : non-seulement les vertus militaires y trouvalent de l’exercice, mais on y parvenait par la valeur à toutes les distinctions militaires et civiles ; au lieu qu’au Brésil il fallait se partager sans cesse entre la nécessité de se défendre et celle de défricher par un travail assidu des terres à la vérité très-fertiles, mais qui demandaient néanmoins de la culture pour fournir