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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/185

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sevelis au fond des flots. Outre la difficulté qu’il eut d’abord à passer les basses, il essuya de continuelles tempêtes pendant tout le mois de janvier, et, ne cessant point de faire beaucoup d’eau, il serait péri cent fois le jour, si tout le monde n’eût travaillé sans relâche aux deux pompes. On s’éloigna ainsi du Brésil d’environ deux cents lieues, jusqu’à la vue d’une île habitable, aussi ronde qu’une tour, qui n’a pas plus d’une demi-lieue de circuit. En la laissant de fort près à gauche, nous la vîmes remplie non-seulement d’arbres, couverte d’une belle verdure, mais d’un prodigieux nombre d’oiseaux, dont plusieurs sortirent de leur retraite pour se venir percher sur les mâts de notre navire, où ils se laissaient prendre à la main ; il y en avait de noirs, de gris, de blanchâtres et d’autres couleurs, tous inconnus en Europe, qui paraissaient fort gros en volant, mais qui, étant pris et plumés, n’étaient guère plus charnus qu’un moineau. À deux lieues, sur la droite, nous aperçûmes des rochers fort pointus, mais peu élevés, qui nous firent craindre d’en trouver d’autres à fleur d’eau ; dernier malheur qui nous aurait sans doute exemptés pour jamais du travail des pompes. Nous en sortîmes heureusement. Dans tout notre passage, qui fut d’environ cinq mois, nous ne vîmes pas d’autres terres que ces petites îles, que notre pilote ne trouva pas même sur sa carte, et qui peut-être n’avaient jamais été découvertes.