Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/251

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Français ne m’ont jamais donné tant de plaisir que j’en eus à voir combattre les sauvages. Outre leurs sauts, leurs sifflemens et leurs adroites passades, c’était un merveilleux spectacle que celui de voir voler en l’air tant de flèches avec leurs grands empennons de plumes rouges, bleues et vertes, incarnates et d’autres couleurs, parmi les rayons du soleil, qui les faisaient comme étinceler, et de voir aussi tant de bonnets, de bracelets et autres équipages faits de ces plumes naturelles dont les combattans étaient revêtus.

» Après que le combat eut duré environ trois heures, et que de part et d’autre il y eut un bon nombre de tués et de blessés, nos Topinamboux ayant enfin remporté la victoire firent prisonniers plus de trente Margajas, hommes et femmes, qu’ils emmenèrent dans leur pays ; et quoique nous deux Français nous n’eussions fait autre chose que de tenir nos épées nues à la main, et tirer quelques coups de pistolets en l’air pour encourager nos gens, nous reconnûmes qu’on ne pouvait leur faire plus grand plaisir que d’aller à la guerre avec eux ; car ils nous estimèrent tellement depuis, que, dans les villages où nous fréquentions, les vieillards nous marquèrent toujours plus d’amitié.

» Les prisonniers ayant été mis au milieu de la troupe victorieuse, liés et garrottés pour s’en assurer mieux, nous retournâmes à notre rivière de Janeiro, aux environs de laquelle