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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/253

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enracinée au cœur) que, sans l’espérance qu’elle avait qu’étant devenu grand, il pourrait s’échapper et se retirer avec les Margajas pour les venger, elle eut mieux aimé qu’il eût été mangé par les Topinamboux que de le laisser après elle. »

On assure que la plupart des Brasiliens engraissent leurs prisonniers pour rendre leur chair de meilleur goût, et que, pendant le temps qu’ils les laissent vivre, ils donnent des femmes aux hommes, mais qu’ils ne donnent point d’hommes aux femmes. Le maître d’un prisonnier ne fait pas difficulté, dit-on, de lui abandonner sa mère ou sa sœur. Cette femme lui rend d’ailleurs toutes sortes de services, jusqu’au jour qu’il doit être massacré et mangé. Dans l’intervalle, il passe le temps à la chasse et à la pêche. Le jour de la mort n’est jamais déterminé ; il dépend de l’embonpoint du captif. Lorsqu’il est venu, tous les Indiens de l’aldée sont invités à la fête. Ils passent d’abord quelques heures à boire et à danser, et non-seulement le prisonnier est au nombre des convives, mais, quoiqu’il n’ignore point que sa mort approche il affecte de se distinguer par sa gaieté. Après la danse, deux hommes robustes se saisissent de lui sans qu’il fasse de résistance, ou qu’il laisse voir la moindre frayeur. Ils le lient d’une grosse corde au milieu du corps ; mais ils lui laissent les mains libres ; et dans cet état ils le mènent comme en triomphe dans les aidées voisines. Loin d’en