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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/30

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n’en recueille plus de deux mille arobes, dont les Indiens fabriquent des toiles et des étoffes. On y plante beaucoup de tabac, des cannes à sucre, et une prodigieuse quantité de l’herbe qu’on nomme herbe du Paraguay, et qui fait seule un objet de commerce d’autant plus grand qu’elle ne croît que dans ce pays, d’où elle passe dans toutes les provinces du Pérou et du Chili, où il s’en fait une très-grande consommation. Ces marchandises sont envoyées à Santa-Fé et à Buénos-Ayres, où les jésuites ont un facteur particulier, qui est chargé de les vendre ; car le peu d’intelligence des Américains, surtout des Guaranis, les rend incapables de ce soin. Le commis emploie le produit de sa vente en marchandises de l’Europe, tant pour l’entretien des habitans de chaque peuplade que pour l’ornement des églises et les besoins des curés. Mais, avant l’emploi de cet argent, on lève le tribut que chaque village, ou plutôt chaque Indien doit au roi. Ces sommes sont envoyées aux caisses royales ; après quoi, sans autre retranchement, on fait le décompte de ce qui revient aux curés pour leurs appointemens et pour les pensions des caciques. Les autres denrées que le terroir produit, et le bétail qu’on y élève, servent à la nourriture des habitans. Enfin cette distribution se fait avec tant d’ordre et de sagesse, qu’on ne peut refuser sans injustice des louanges à la police que les missionnaires ont établie.

» À l’exemple des villes espagnoles, chaque