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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/361

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tent de retourner à leurs maisons ; ils se bandent la tête, comme s’ils étaient eux-mêmes dans les douleurs de l’enfantement ; ils se mettent au lit, où les voisins viennent leur rendre visite, et leur donnent de ridicules consolations. Leurs habitations sont composées de plusieurs longues cases qu’ils nomment carbets, où plusieurs familles vivent ensemble sous un capitaine : ils se nourrissent de cassave, de maïs, de poissons et de fruit. Les hommes vont à la pêche, tandis que les femmes cultivent la terre. Ils portent peu de vivres à la guerre. Froger, qui écrivait sur le témoignage des jésuites du pays, assure qu’ils mangent la chair de leurs prisonniers les plus gras, et qu’ils vendent les autres aux Français. Ils ont entre eux plusieurs fêtes pendant lesquelles ils s’invitent d’un carbet à l’autre, et, parés de leurs couronnes et de leurs ceintures de plumes, ils passent le jour en danses rondes, mêlées de festins, où ils s’enivrent d’une liqueur très-forte qu’ils nomment ouicou. C’est une composition de cassave et de fruits, qu’ils font bouillir ensemble. Leur ignorance est digne de compassion. Ils adorent les astres, mais ils craignent beaucoup un mauvais génie auquel ils donnent le nom de Piaye. Leurs lois les attachent à une seule femme, qu’ils ne peuvent quitter s’ils ne la surprennent dans le crime. Ils portent le respect fort loin pour les vieillards. Lorsque la mort en enlève un, ils l’enterrent dans le carbet où il a vécu ; ils assemblent les habitans des car-