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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/42

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et des gens de couleur ne sont que de méchantes baraques. La population de la province du Paraguay s’élevait, au commencement du dix-neuvième siècle, à plus de 80,000 âmes.

En sortant du Paraguay à l’ouest, on entre dans le Chaco, vaste territoire qui s’étend au nord jusqu’au pied des montagnes, et qui est encore presque entièrement occupé par des tribus indigènes plus ou moins sauvages.

On s’accorde à représenter le Chaco comme un des plus beaux pays du monde ; mais cet éloge n’appartient réellement qu’à la partie que les Péruviens occupèrent d’abord. Une chaîne de montagnes qui commence à la vue de Cordoue, et qui s’étend au nord-ouest jusqu’à Santa-Cruz de la Sierra, forme de ce côté une barrière si bien gardée, surtout dans ce qu’on nomme la cordillière des Chiriguanes, qu’elle la rend inaccessible. Plusieurs de ces montagnes sont si hautes, que les vapeurs de la terre ne parviennent point à leur sommet, et que, l’air y étant toujours serein, rien n’y borne la vue. Mais l’impétuosité des vents y est telle, que souvent ils enlèvent les cavaliers de la selle, et que, pour y respirer à l’aise, il faut chercher un abri. La seule vue des précipices ferait tourner la tête aux plus intrépides, si d’épaisses nuées qu’on voit sous les pieds n’en cachaient la profondeur. C’est une tradition constante au Pérou que les Chicas et les Oréjones, qui habitaient autrefois ces mêmes montagnes, et dont plusieurs se sont réfugiés,