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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/47

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guerre et le pillage : ils se sont rendus formidables aux Espagnols par leur acharnement dans le combat, et plus encore par les stratagèmes qu’ils emploient pour les surprendre. S’ils ont entrepris de piller une habitation, il n’y a rien qu’ils ne tentent pour endormir dans la confiance, ou pour écarter ceux qui peuvent la défendre. Ils cherchent pendant une année entière le moment de fondre sur eux sans s’exposer. Ils ont sans cesse des espions en campagne, qui ne marchent que la nuit, se traînant, s’il le faut, sur les coudes, qu’ils ont toujours couverts de calus. C’est ce qui a fait croire à quelques Espagnols que, par des secrets magiques, ils prenaient la forme de quelque animal pour observer ce qui se passe chez leurs ennemis. Lorsqu’eux-mêmes ils sont surpris, le désespoir les rend si furieux, qu’il n’y a point d’Espagnol qui voulût les combattre avec égalité d’armes. On a vu des femmes vendre leur vie bien cher aux soldats les mieux armés.

Leurs armes ne sont pas différentes de celles des autres Américains du continent : c’est l’arc, la flèche, le macana, avec une espèce de lance d’un bois très-dur et bien travaillé, qu’ils manient avec beaucoup d’adresse et de force, quoique très-pesante ; car sa longueur est de quinze palmes, et la grosseur proportionnée : sa pointe est de corne de cerf, avec une languette crochue, qui l’empêche de sortir de la plaie sans l’agrandir beaucoup. Une corde à laquelle il est attaché sert à le retirer après le