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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/56

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obligé de le faire sur des mules et d’aller fort doucement. Après vingt jours de marche, le père compagnon se trouvait extrêmement fatigué ; il prit un jour les devans ; et, se sentant accablé de sommeil, il mit pied à terre sous des arbres qu’il rencontra, sans savoir ni où il était, ni quand il arriverait au terme qui semblait fuir devant lui ; et il s’endormit bientôt à l’ombre. Cependant le père provincial arrive ; le muletier qui lui servait de guide voit le père qui dormait sur l’herbe ; il court l’éveiller, et lui demande d’un air étonné s’il n’a pas de honte de dormir dans une place publique. — « De quelle place me parlez-vous ? s’écria le père ; voici trois semaines que nous marchons dans ce désert, et Dieu sait quand nous arriverons à Rioja. Y a-t-il au monde un lieu plus solitaire que celui-ci ? — Vous êtes à Rioja même, repartit le muletier ; voici la grande place de la ville, et le collége des jésuites est derrière vous….. »

La ville la plus considérable de l’audience de la Plata, dans le Haut-Pérou, est Potosi, dont le nom seul rappelle l’idée de richesses prodigieuses. Elle est située sur la pente méridionale d’une montagne, dans un pays froid, aride et stérile, où il ne croît rien, pas même un brin d’herbe, et où les sources thermales abondent. Elle doit sa célébrité à la montagne ou cerro de Potosi, qui, depuis sa découverte en 1545 jusqu’à nos jours, a fourni une énorme quantité d’argent. La couche de porphyre qui