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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/59

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chaud pour cultiver aux environs, dans quelques lieux bas, des cannes de sucre, de la coca, du maïs, et diverses sortes de fruits. Les montagnes voisines sont couvertes d’arbres dont on estime le bois. Il s’y trouve des ours, des jaguars et d’autres animaux féroces. Ces montagnes renferment de grandes richesses. Un coup de tonnerre en ayant détaché une roche, il y a plusieurs années, on y trouva des morceaux d’or d’un poids considérable. On en recueille encore aujourd’hui dans les sables que les pluies entraînent. Mais, par l’ignorance des habitans, la plus grande partie de ces trésors est négligée.

C’est dans la province de la Paz que se trouve le fameux lac de Titicaca, le plus grand de tous les lacs connus dans cette partie de l’Amérique. Il a quatre-vingts lieues de circuit, et jusqu’à quatre-vingts brasses de profondeur. Sa figure est un ovale irrégulier du nord-ouest au sud-est. Dix à douze grandes rivières, sans compter les petites, y portent constamment leurs eaux. Celle du lac n’est ni salée ni amère ; mais elle est si épaisse et si dégoûtante, qu’on ne peut en boire. On y prend deux sortes de poissons ; les uns fort gros et très-bons, que les Américains nomment Suchis ; les autres petits, très-mauvais et pleins d’arêtes, auxquels les Espagnols ont donné le nom de bogas. Il s’y trouve aussi beaucoup d’oiseaux aquatiques. Ses bords sont couverts de glaïeuls et de joncs. Il est navigable, mais les bâtimens y sont tour-