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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/71

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vertus y sont même renommées, mais qu’il y porte le nom d’habilla de Carthagène, parce que c’est dans le terroir de cette ville qu’il croît avec toutes ses perfections.

La sensitive est très-commune sous les arbres et dans les bois.

Le climat de cette zone est trop humide et trop chaud pour l’orge, le froment et les autres grains de cette nature ; mais on y recueille quantité de maïs et de riz. Le maïs sert à faire le bollo, espèce de gâteau qui tient lieu de pain dans toutes ces contrées, et qui est blanc, mais fort insipide. Les Espagnols, comme les Indiens, n’ont pas d’autre méthode pour le faire que de laisser tremper quelque temps le maïs dans de l’eau fort pure, et de l’écraser ensuite entre deux pierres. À force de le broyer et de le changer d’eau, ils viennent à bout d’en séparer la peau et les autres corps étrangers, après quoi ils le pétrissent ; et, dans cet état, ils recommencent à le broyer entre deux pierres. Il ne reste alors qu’à l’envelopper dans des feuilles d’arbre, et qu’à le faire cuire à l’eau. Le grain ou le gâteau de bollo devient pâteux en vingt-quatre heures, et n’est bon que dans cet espace de temps. On peut le pétrir au lait, et peut-être en est-il meilleur ; mais jamais on ne parvient à le faire lever, parce que les liquides ne peuvent le pénétrer parfaitement. Il n’y a point de mélange qui puisse lui faire perdre sa couleur et son goût naturels.

Les patates, dont les camottes sont une va-