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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/97

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suivis, et qu'ils ne reconnaissent plus de moyen de salut dans la fuite, ils retirent leur tête et contractent tout leurs corps pour le mettre en boule. Ils vivent de racines et d’insectes. Les Indiens et les nègres en mangent la chair, qu’ils trouvent excellente.

Le paresseux, nommé aussi perico ligero (pierrot léger), par ironie, pour marquer son extrême lenteur, est de la grosseur d’un chat ; son poil est grossier, raide, sec, marqué de taches blanches et brunes. La lenteur excessive de cet animal l’a fait remarquer par les voyageurs. Il a tant d’aversion pour le mouvement, disent-ils, qu’il ne quitte la place où il se trouve que lorsqu’il y est forcé par la faim. La vue des hommes, et celle des bêtes féroces ne paraissent pas l’effrayer. S’il se remue, chaque mouvement est accompagné d’un cri si lamentable, qu’on ne peut l’entendre sans un mélange de pitié et d’horreur. Il ne remue pas même la tête sans ces témoignages de douleur, qui viennent apparemment d’une contraction naturelle de ses nerfs et de ses muscles. Toute sa défense consiste dans ces cris lugubres : il ne laisse pas de prendre la fuite lorsqu’il est attaqué par quelque autre bête ; mais, en fuyant, il redouble si vivement les mêmes cris, qu’il épouvante ou qu’il trouble assez son ennemi pour le faire renoncer à le poursuivre. Il continue de crier en s’arrêtant, comme si le mouvement qu’il a fait lui laissait de cruelles peines : avant de se remettre en marche, il demeure long-temps