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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/109

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tageuse aux intéressés ; mais ne serait-il pas plus honorable et plus utile pour nous d’établir un débit sûr et constant des marchandises de nos fabriques en laines et en fer que de souffrir un comlerce infâme, dont les suites ne peuvent être que très-préjudiciables à l’Angleterre ? »

Un reproche qui ne tombe que sur les Indiens, c’est celui qu’ils méritent pour l’imprudence qui les empêche de se précautionner contre les misères auxquelles ils sont exposés tous les ans. Ils emploient généreusement leurs provisions, lorsqu’elles sont abondantes, sans penser jamais à les conserver pour l’hiver. À peine gardent-ils un peu de poisson et de gibier. Il arrive très-souvent à ceux qui viennent trafiquer dans les comptoirs de la baie d’être obligés en chemin, pour avoir compté sur des secours qui ne se présentent point, de griller des peaux et de les manger. À la vérité, ces malheurs n’ont pas la force de les abattre. Ils ont recours à toutes sortes de voies pour se soutenir avec leurs familles ; et dans leurs dernières extrémités leur patience est inébranlable. Souvent ils font deux ou trois cents lieues dans le fort de l’hiver, par des pays nus et glacés, sans tentes pour se mettre à couvert des injures du temps ou pour se reposer la nuit. Dans ces voyages, ils élèvent, à l’approche de la nuit, une petite haie d’arbrisseaux, qui leur sert de retranchement contre le vent et les bêtes saunages. Ils allument un grand feu du côté de la haie qui est opposé au vent ; et,