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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/166

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habitans, sont plus riches au Canada que les seigneurs, et l’on en donne la raison ; ce n’était qu’une grande forêt lorsque les Français commencèrent à s’y établir. Des officiers, des gentilshommes, des communautés, à qui l’on donna des seigneuries, n’étaient pas capables de les mettre eux-mêmes en valeur, et n’avaient pas des fonds assez considérables pour y employer un nombre d’ouvriers suffisant. Il fallut y amener des habitans, qui, se trouvant obligés de travailler beaucoup avant de pouvoir y recueillir de quoi subsister, ne purent s’engager avec les seigneurs qu’à des redevances fort modiques ; de sorte qu’avec les lods et ventes, qui se réduisent presqu’à rien, le droit du moulin et la métairie, une seigneurie de deux lieues de front et d’une profondeur illimitée est d’un revenu fort médiocre dans un pays si peu peuplé, et dont le commerce intérieur est si faible.

Rien n’est plus charmant que la situation des Trois-Rivières. Elle est bâtie sur un coteau de sable, qui n’a guère de stérile que l’espace qu’elle peut occuper en s’agrandissant, car elle n’a point encore beaucoup d’étendue ; mais elle est environnée de tout ce qui peut rendre une ville agréable et la faire parvenir à l’opulence. Le fleuve, large d’une demi-lieue, coule au pied : au delà ce sont des campagnes cultivées, fertiles, et couronnées des plus belles forêts du monde. Un peu au-dessus et du même côté, le fleuve reçoit une assez