Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

largeur. La montagne d’où elle tire son nom, et qui a deux têtes, d’inégale hauteur, est presqu’au milieu de la longueur de l’île ; mais elle n’est qu’à demi-lieue de la côte méridionale, où la ville de Mont-Réal est située. Le nom de Ville-Marie que cette ville reçut dans sa fondation, n’a pu passer en usage. Il ne se conserve que dans les actes publics, et parmi les seigneurs de l’île, qui en sont fort jaloux : on a déjà remarqué que ce sont les sulpiciens. Comme toutes les terres de l’île sont très-bonnes, et que la ville n’est guère moins peuplée que celle de Québec, cette seigneurie, suivant l’observateur, en vaut du moins une demi-douzaine des meilleures du Canada : c’est le fruit de la sagesse et du travail des seigneurs.

La ville de Mont-Réal offre un aspect fort riant ; elle est bien située et bien bâtie. L’agrément de ses environs et de ses vues inspire une gaieté dont tous les habitans se ressentent. Elle n’est pas fortifiée : une palissade bastionnée et fort mal entretenue fait toute sa défense, avec une mauvaise redoute sur un petit tertre qui sert de boulevart, et va se terminer en pente à une petite place carrée. Autrefois elle était ouverte, et sans cesse exposée aux insultes des sauvages et des Anglais. Ce fut le chevalier de Gallières, frère du plénipotentiaire à Ryswick, qui la fit fermer pendant qu’il en était gouverneur, et, depuis quelques années, elle est ceinte d’un bon mur ; mais sa