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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/204

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bien fait, doux, d’une physionomie aimable, et dont les Français me parlèrent avec éloge. Je montai ensuite sur le rocher par un chemin assez aisé, mais extrêmement étroit. Je trouvai une terrasse fort unie, d’une grande étendue, où tous les sauvages du Canada ne forceraient pas vingt hommes qui n’y manqueraient pas de provisions, surtout d’eau, car on n’en peut tirer que de la rivière. La pluie, et plus encore un spectacle qui me fit horreur, m’empêchèrent de faire le tour de ce poste, d’où je comptais découvrir une vaste étendue de pays : j’aperçus à l’extrémité du village deux corps brûlés, peu de jours auparavant, à la manière de ces nations, c’est-à-dire, morts de la violence du feu qu’on applique à toutes les parties du corps, et livrés aux bêtes de proie suivant l’usage, dans la posture qu’on leur fait prendre pour l’exécution. Ce sont deux poteaux plantés en terre, avec des traverses qu’on y attache, l’une à deux pieds de terre, l’autre, six ou sept pieds plus haut : on fait monter le patient sur la première, à laquelle on lui lie les pieds à quelque distance l’un de l’autre ; on 1ui lie les mains aux angles de la seconde, et c’est dans cette situation qu’on le brûle. »

Après s’être arrêté vingt-quatre heures au premier village des Illinois, l’observateur passa le dernier endroit de la rivière où l’on ait besoin de recourir au portage, et ne lui trouva plus qu’une largeur et une profondeur qui l’égalent, dit-il, à la plupart des grands fleuves