Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/216

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Le 10 septembre, l’observateur rentra dans la sienne, et ne fit que deux lieues le premier jour pour retourner au Mississipi par la petite rivière de Kaskaquias. Le lendemain il n’en put faire que six sur le fleuve. Dans un pays où l’hiver est ordinairement fort doux, on est surpris que les feuilles tombent plus tôt qu’en France, et que les arbres n’en reprennent de nouvelles qu’à la fin de mai : l’observateur n’en donne point d’autre cause que l’épaisseur des forêts, qui empêche que la terre ne s’échauffe assez tôt pour faire monter la séve. Le 12, après avoir fait deux lieues, il laissa le cap Saint-Antoine à gauche. On commence dans ce lieu à voir des cannes assez semblables à celles de l’Europe, mais plus hautes et plus fortes. Leurs racines, qui sont très-longues, ont naturellement un fort beau vernis, et diffèrent peu de celles des bamboux du Japon, dont on fait ces belles cannes que les Hollandais vendent sous le nom de rattangs. Le 13 et le jour suivant, la pirogue fut retardée par des vents contraires, dans un canton dont Charlevoix n’ignorait pas les dangers. Il savait que depuis peu les Cheraquis y avaient tué trente Français, qui avaient à leur tête un fils de M. Ramzay, gouverneur de Mont-Réal, et le jeune baron de Longueil, fils du lieutenant du roi, de la même ville. Outre cette nation, avec laquelle on n’était point encore réconcilié, les Outagamis, les Sioux et les Chicachas donnaient d’autres inquiétudes à l’escorte, qui