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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/244

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deux singes femelles, de cette espèce qui approche le plus de l’homme par la taille et la figure, tels qu’on en voit encore dans l’île de Bornéo, et les fit passer pour des peaux de femmes sauvages, qui furent placées, comme une rareté singulière, dans le temple de Vénus. Il paraît même qu’en France on n’était pas revenu de cette prévention sous le règne de Charles vi ; cependant elle était d’autant plus éloignée de la vérité, que les sauvages, à l’exception des cheveux et des sourcils, que quelques-uns même s’arrachent soigneusement, n’ont pas un poil sur le corps, et que, s’il leur en vient à quelque partie, ils se hâtent d’en ôter jusqu’à la racine. On lit dans toutes les relations que, lorsqu’ils voyaient des Européens pour la première fois, leur plus forte admiration tombait toujours sur les grandes barbes qu’on portait alors en Europe, et qu’ensuite ils en riaient comme d’une étrange difformité. Mais les Esquimaux, et deux ou trois nations de l’Amérique méridionale, ont naturellement de la barbe. En général, tous ces Américains dont il est ici question naissent blancs comme nous ; leur nudité, les huiles et les sucs d’herbes dont ils se graissent, le soleil et le grand air changent leur couleur à mesure qu’ils avancent en âge ; mais d’ailleurs ils ne nous cèdent en rien pour les qualités du corps ; et sur plusieurs points la comparaison ne serait point à notre avantage. La plupart sont d’une taille supérieure à la nôtre, bien faits, bien proportionnés, d’une