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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/315

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qui nuit quelquefois à la santé. Quelques-uns le font griller vert et dans l’épi : c’est ce qui se nomme au Canada du blé groulé ; et l’on en vante le goût. Une autre espèce, qu’on appelle blé fleuri, et plus délicate encore, s’ouvre dès qu’elle a senti le feu. On en traite ordinairement les étrangers ; et dans quelques endroits on le porte aux personnes de considération qui arrivent dans une bourgade, comme on offre en Europe le présent de ville. Enfin la nourriture la plus commune des sauvages est une préparation de maïs, qu’ils nomment sagamité. Après avoir commencé par le griller, ils le pilent, ils en ôtent la paille ; et ce qui reste, étant cuit à l’eau, forme une espèce de bouillie fort insipide, lorsqu’elle n’est pas relevée par un mélange de viande ou de quelques fruits. D’autres le réduisent en farine, qui se nomme ici farine froide ; et c’est une des meilleures provisions pour les voyages. On le fait bouillir aussi en épis tendres, qu’on fait ensuite griller légèrement, et qu’on égraine pour faire sécher les grains au soleil. Il se conserve long-temps dans cet état, et l’on assure que la sagamité qu’on en fait est de très-bon goût. Des mets si simples ne donneraient pas une mauvaise idée de celui des sauvages, s’ils n’y joignaient quelquefois des mélanges si révoltant, qu’on a de l’embarras à les nommer. Ils aiment aussi toute sorte de graisse : quelques livres de chandelle dans une chaudière de sagamité leur font un mets excellent.