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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/371

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c’est une opération rare, et le plus souvent on se contente de seringuer ce jus dans la plaie. Jusque-là tout est dans les voies de la nature ; mais, comme il faut toujours du merveilleux à ces peuples, un jongleur applique les dents sur la plaie, et montrant ensuite un petit morceau de bois ou quelque autre corps qu’il feint d’en avoir tiré, il persuade au malade que c’est le charme qui mettait sa vie en danger.

Les sauvages ont des remèdes prompts et souverains contre la paralysie, l’hydropisie et les maux vénériens. La râpure du gaïac et du sassafras sont leurs spécifiques pour les deux dernières de ces maladies ; ils en font une liqueur, dont le continuel usage en préserve et les guérit. Dans les maux aigus, tels que la pleurésie, ils opèrent sur le côté opposé par des cataplasmes qui empêchent le dépôt ou qui l’attirent. Dans la fièvre, ils usent de lotions froides, avec une décoction d’herbes, qui préviennent l’inflammation et le transport. Ils vantent surtout la diète ; mais ils ne la font consister que dans la privation de certains alimens qu’ils croient nuisibles. À l’usage de la saignée, qui leur était inconnue, ils suppléaient autrefois par des scarifications aux parties où le mal se faisait sentir ; ensuite ils y appliquaient une sorte de ventouses, avec des courges qu’ils remplissent de matières combustibles, auxquelles ils mettaient le feu. Les caustiques et les boutons de feu leur étaient familiers ; mais, ne connaissant point la pierre