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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/400

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accordée plusieurs fois à quelque habile chasseur, tout le monde feint d’avoir eu le même rêve, et l’on ne balance plus sur la marche.

Après le jeûne et le choix du lieu, il se fait un grand festin pour ceux qui veulent être de l’expédition ; mais personne ne doit s’y présenter sans avoir pris le bain, qui consiste à se jeter dans une rivière, quelque temps qu’il fasse, pourvu qu’elle ne soit pas glacée. Ce festin n’est pas de ceux dont il ne doit rien rester ; au contraire, la longueur du jeûne n’empêche point qu’on n’y soit fort sobre. Le chef qui en fait les honneurs ne touche à rien ; et pendant que les autres sont à table, il s’occupe à vanter le succès de ses anciennes chasses. Ensuite la troupe se met en marche dans l’équipage de guerre et parmi les acclamations de toute la bourgade. Aussi la chasse ne passe-t-elle pas pour un exercice moins noble que la guerre ; et l’alliance d’un bon chasseur est même au-dessus de celle d’un guerrier, parce que la chasse fournit toutes les nécessités qui bornent les désirs des sauvages. Mais, pour obtenir la réputation d’habile chasseur, il faut avoir tué douze grandes bêtes en un jour. On observe que ces peuples ont deux avantages singuliers pour cet exercice : premièrement, rien ne les arrête ; buissons, fossés, ravines, étangs et rivières, il n’y a point d’obstacle qui les empêche d’avancer par la plus droite ligne. En second lieu, il n’y a point d’animaux qu’ils n’égalent à la course : on assure