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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/422

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prennent à la seine et aux filets. Les sauvages ont une adresse merveilleuse à darder toutes sortes de poissons, surtout dans les rapides. Ils n’emploient que cette méthode pour l’esturgeon, qui est ici un fort gros poisson de mer et d’eau douce. Deux hommes sont aux deux extrémités d’un canot : celui qui tient l’arrière gouverne ; l’autre est debout, tenant à la main un dard attaché par une longue corde à l’une des barres du canot. Dès que le sauvage voit l’esturgeon à portée, il lui lance son dard en tâchant de prendre le défaut des écailles. Le poisson blessé fuit avec l’instrument dans sa plaie, entraîne assez rapidement le canot, et meurt ordinairement à moins de cent cinquante pas.

Depuis Québec jusqu’au Trois-Rivières ; on pêche dans le fleuve une quantité de grosses anguilles qui descendent du lac Ontario, où elles prennent naissance dans les marais au bord septentrional de ce lac. On a observé qu’elles rencontrent des marsouins qui leur donnent la chasse ; et la plupart voulant retourner au lac, c’est apparemment ce qui en fait prendre un si grand nombre. Dans l’étendue d’un terrain que la haute marée couvre, et qu’elle laisse à sec en se retirant, on place de distance en distance des coffres de bois appuyés contre une palissade de claies d’osier qui ne laisse aucun passage. De grands éperviers de même matière et de même structure sont enchâssés dans ces coffres par le bout le plus étroit ; et l’autre bout, qui est fort large,