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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/47

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d’une histoire de la Caroline avoue qu’il ignore à quel titre le roi Charles donnait si libéralement de vastes parties de l’Amérique : « Mais on ne saurait contester, dit-il, la réalité de l’acte ; et les Français ou les Espagnols auraient mauvaise grâce de prétendre qu’une terre qu’ils ont cessé de cultiver ne doive jamais être cultivée par d’autres. »

Les propriétaires n’eurent pas plus tôt obtenu leurs lettres, que, suivant une méthode que le succès a partout justifiée, ils commencèrent par ouvrir l’entrée de leurs possessions à toutes les sectes. Cette tolérance était même autorisée sans restriction par l’acte royal. Le premier règlement qui fut publié à cette occasion portait que les propriétaires, ayant reconnu les avantages de la tolérance pour enrichir et peupler une province, étaient résolus d’accorder la plus grande liberté de religion qu’on pût désirer, ou dont on eut jamais eu l’exemple dans aucune société humaine ; que, les naturels du pays n’ayant pas encore la moindre connaissance du christianisme, leur idolâtrie et leur ignorance ne donnaient assurément aucun droit de les maltraiter ; que les chrétiens qui apporteraient dans la colonie des principes différens de l’église anglicane s’attendraient sans doute à n’être pas contraints dans leurs opinions, et que par conséquent ce serait manquer à la bonne foi que de leur faire la moindre violence ; qu’à l’égard des juifs, des païens, et des autres ennemis du christia-