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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/12

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des Nègres. Il est vrai qu’on vient de dire qu’ils mangeaient peu ; mais l’esclave qui mange le moins n’est pas toujours le meilleur, même pour l’avarice.

Cadamosto attribue une coutume fort singulière à la nation des Azanaghis. Ils portent, dit-il, autour de la tête une sorte de mouchoir qui leur couvre les yeux, le nez et la bouche ; et la raison de cet usage est que, regardant le nez et la bouche comme des canaux fort sales, ils se croient obligés de les cacher aussi sérieusement que d’autres parties auxquelles on attache la même idée dans des pays moins barbares ; aussi ne se découvrent-ils la bouche que pour manger.

Ils ne reconnaissent aucun maître ; mais les plus riches sont distingués par quelques témoignages de respect. En général, ils sont tous fort pauvres, menteurs, perfides, et les plus grands voleurs du monde. Leur taille est médiocre. Ils se frisent les cheveux, qu’ils ont fort noirs et flottans sur leurs épaules. Tous les jours ils les humectent avec de la graisse de poisson ; et quoique l’odeur en soit fort désagréable, ils regardent cet usage comme une parure. Ils n’avaient connu d’autres chrétiens que les Portugais, avec lesquels ils avaient eu la guerre pendant treize ou quatorze ans. Cadamosto assure que, lorsqu’ils avaient vu des vaisseaux, spectacle inconnu à leurs ancêtres, ils les avaient pris pour de grands oiseaux avec des ailes blanches, qui venaient de quelques pays éloignés.