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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/162

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chandises que le roi avait reçues pour le prix de Job. Aussi Job fut-il si transporté de joie, que, tombant à genoux, il remercia Mahomet d’avoir détruit son ennemi par les armes mêmes qui avaient été le prix de son crime ; et se tournant vers Moore : « Vous voyez, lui dit-il, que le ciel n’a point approuvé que cet homme m’eut fait esclave, et qu’il a fait servir à sa punition les mêmes armes pour lesquelles j’ai été vendu. Cependant je dois lui pardonner, ajouta-t-il, parce que, si je n’avais pas été vendu, je ne saurais pas la langue anglaise, je n’aurais pas mille choses utiles et précieuses que je possède ; je n’aurais pas vu un pays tel que l’Angleterre, et des hommes aussi généreux que j’en ai trouvé dans cette contrée. » Il n’y a guère d’Européen cultivé dont la reconnaissance s’exprimât plus éloquemment.

Le sloop étant arrivé le premier de septembre à Djôr, Job dépêcha le 14 un exprès à Bounda pour donner avis de son retour à ses parens. Ce messager était un Foula, qui se trouva de la connaissance de Job, et qui marqua une joie extrême de le revoir. C’était presque le seul Africain qu’on eût jamais vu revenir de l’esclavage. Job fit prier son père de ne pas venir au-devant de lui, parce que le voyage était trop long, et que, suivant l’ordre de la nature, c’étaient les jeunes gens, disait-il , qui devaient aller au-devant des