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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/169

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principes du pays, le jour est pour l’usage de ce qu’on sait, et la nuit pour s’instruire. Une partie des habitans s’occupe de la chasse, surtout de celle des éléphans, et fait un commerce d’ivoire assez considérable. Job racontait qu’un de ses gens, accoutumé à la chasse, avait vu un éléphant surprendre un lion, le porter près d’un bois, fendre un arbre, mettre la tête de son ennemi entre les deux parties du tronc, et le laisser dans cet état pour y périr. Quoique ce récit paraisse fabuleux, il est rendu plus vraisemblable par un autre exemple dont Job avait été témoin lui-même. Un jour qu’il était à la chasse, il vit un éléphant transporter un lion dans un endroit marécageux, et lui tenir la tête enfoncée dans la boue pour l’étouffer. En supposant la vérité de ces deux faits, il faut conclure que le lion et l’éléphant se portent une haine mortelle.

Le poison dans lequel les Nègres trempent leurs flèches est le suc d’un certain arbre dont les qualités sont si malignes, qu’en peu de temps le sang se trouve infecté par la moindre blessure, et l’animal le plus vigoureux devient stupide et perd le sentiment ; ce qui n’empêche pas les habitans de manger la chair des animaux qu’ils tuent avec leurs flèches. Aussitôt qu’ils les voient tomber, ils s’approchent et leur coupent la gorge : cette opération fait sortir apparemment le poison avec le sang. Les hommes qui sont blessés des mêmes flèches se guéris-