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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/181

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vent de millet pour se nourrir. Il aime les chevaux jusqu’à se priver de la nourriture pour fournir à leur entretien, comme maître Jacques dans l’Avare ; il leur donne le grain dont il devrait se nourrir, et se contente ordinairement d’une pipe de tabac et de quelques verres d’eau-de-vie ; La nécessité le force souvent de faire des incursions dans les cantons les plus faibles de son voisinage, où il enlève les bestiaux et des esclaves qu’il vend aux Français pour de l’eau-de-vie. Lorsqu’il voit baisser sa provision de cette liqueur, il enferme le reste dans une petite cantine, dont il donne la clef à quelqu’un de ses favoris, avec ordre de la porter à vingt ou trente lieues de sa demeure, pour se mettre lui-même dans la nécessite de s’en priver. S’il exerce sa tyrannie sur ses voisins, il garde encore moins de ménagement pour ses propres sujets. Son usage est d’aller de ville en ville avec toute sa cour, qui est composée d’environ deux cents Nègres, la plupart infectés de tous les vices des blancs, et de demeurer dans chaque lieu jusqu’à ce qu’il en ait mangé toutes les provisions. Ceux qui ont la hardiesse de s’en plaindre sont vendus pour l’esclavage.

Ceux des Iolofs qui bordent immédiatement la Gambie habitent les royaumes de Barsalli et du bas Yani. Le roi de Barsalli gouverne avec une autorité absolue, et sa famille est si respectée, que tous ses peuples se prosternent la face en terre lorsqu’ils paraissent devant