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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/208

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y en a toujours un qui fait l’office de guiriot, et qui bat un tambour ou un chaudron pour animer les athlètes, tandis que les autres applaudissent à l’adresse et au courage.

Les exercices utiles des Nègres sont la pêche et la chasse. La plupart de ceux qui habitent les bords des rivières font leur unique occupation de la pêche, et forment leurs enfans à la même profession. Ils ont des pirogues ou de petites barques composées d’un tronc d’arbre qu’ils ont l’art de creuser, et dont les plus grandes contiennent dix ou douze hommes. Leur longueur est ordinairement de trente pieds, sur deux pieds et demi de largeur : elles vont à rames et à voiles. Il n’est pas rare qu’un coup de vent les renverse ; mais les Nègres sont si bons nageurs, qu’ils s’en alarment peu. Ils redressent aussitôt leur pirogue avec leurs épaules, sans paraître plus embarrassés que s’il n’était rien arrivé. Une flèche n’est pas plus prompte que ces petites barques. Il n’y a pas de chaloupe de l’Europe qui puisse aller aussi vite.

Lorsque les Nègres vont à la pêche, ils sont ordinairement deux dans une pirogue, et ne craignent pas de s’écarter jusqu’à six milles en mer : ils n’emploient guère que la ligne. Mais, pour le gros poisson, ils se servent d’un dard de fer au bout d’un bâton de la longueur d’une demi-pique ; et, le tenant attaché avec une corde, ils n’ont pas de peine à le retirer après l’avoir lancé.