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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/272

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d’une hardiesse extraordinaire ; que ceux qu’il avait traités si mal avaient aidé les Anglais à le surprendre pendant la nuit, et l’avaient amené prisonnier depuis un mois ; mais qu’avant de tomber entre leurs mains, il en avait tué deux de la sienne.

Atkins prétend que les alligators, dont la rivière de Sierra-Leone est remplie, ressemblent entièrement aux crocodiles du Nil et sont en effet de la même espèce. Leur forme diffère peu de celle du lézard ; ils pèsent jusqu’à deux cents livres. L’écaille qui les couvre est si dure, qu’elle est à l’épreuve de la balle, si le coup n’est tiré de fort près. Il ont les gencives fort longues, armées de dents tranchantes ; quatre nageoires semblables à des mains, deux grandes et deux petites ; la queue épaisse et d’une grosseur continue. Ils vivent si longtemps hors de l’eau, qu’ils se vendent vivans dans les Indes orientales. Quoique le moindre bruit les éveille, ils s’effraient peu, et ne prennent pas tout d’un coup la fuite. Les barques qui descendent la rivière en sont quelquefois fort proches avant qu’on leur voie quitter les gîtes qu’ils se font dans la vase, où ils se chauffent au soleil. Lorsqu’ils flottent sur l’eau, ils paraissent si tranquilles, qu’on les prendrait pour une pièce de bois, jusqu’à ce que les petits poissons qui se rassemblent autour d’eux semblent les exciter à fondre sur leur proie. Un matelot anglais, qui avait la tête échauffée de liqueurs, entreprit de passer à gué l’extré-