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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/28

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river à son appartement. Au milieu de chacune est un grand arbre pour la commodité de ceux que leurs affaires obligent d’attendre. Tout le cortége du prince est distribué dans ces cours suivant les emplois et les rangs. Mais, quoique les cours intérieures soient pour les plus distingués, il y a peu de Nègres qui approchent familièrement de la personne du prince. Les Azanaghis et les chrétiens sont presque les seuls qui aient l’entrée libre dans son appartement, et qui aient la liberté de lui parler. Il affecte beaucoup de grandeur et de majesté. On ne le voit chaque jour, au matin, que l’espace d’une heure. Le soir, il paraît pendant quelques momens dans la dernière cour, sans s’éloigner beaucoup de la porte de son appartement ; et les portes ne s’ouvrent alors qu’aux grands du premier ordre. Il donne néanmoins des audiences à ses sujets : mais c’est dans ces occasions qu’on reconnaît l’orgueil des princes d’Afrique. De quelque condition que soient ceux qui viennent solliciter des grâces, ils sont obligés de se dépouiller de leurs habits, à l’exception de ce qui leur couvre le milieu du corps. Ensuite, lorsqu’ils entrent dans la dernière cour, ils se jettent à genoux en baissant le front jusqu’à terre, et des deux mains ils se couvrent la tête et les épaules de sable. Personne, jusqu’aux parens du prince, n’est exempt d’une si humiliante cérémonie. Les supplians demeurent assez long-temps dans cette posture, continuant de s’arroser de sable. Enfin, lorsque le prince