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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/372

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en Angleterre, ils rendraient compte à leurs maîtres de ses faveurs et de ses bontés.

Il répondit que la compagnie royale d’Afrique était un fort honnête homme, qu’il l’aimait sincèrement, et qu’on traiterait de bonne foi avec ses marchands. Cependant il tint mal sa parole, ou plutôt, malgré les témoignages de respect qu’il recevait de ses cabochirs, il fit voir par sa conduite qu’il n’osait rien faire qui leur déplût : contraste assez ordinaire dans toute espèce de despotisme, où l’on voit souvent les esclaves faire trembler par leur férocité le maître qu’ils corrompent par leur bassesse.

Dans cette première audience il ne manqua rien à ses politesses. Après avoir fait assembler les Anglais auprès de lui, il but à la santé de son frère le roi d’Angleterre, de son ami la compagnie royale d’Afrique, et des deux capitaines. Ses liqueurs favorites étaient l’eau-de-vie et le pitto. Celle-ci est composée de blé d’Inde long-temps infusé dans l’eau. Elle tire sur le goût d’une espèce de bière que les Anglais nomment ale. Il y en a de si forte, qu’elle se conserve trois mois, et que deux bouteilles sont capables d’enivrer. On apporta bientôt devant le roi une petite table carrée, sur laquelle un vieux drap tenait lieu de nappe, garnie d’assiettes et de cuillers d’étain. Il n’y avait ni couteaux ni fourchettes, parce que l’usage du pays est de déchirer les viandes avec les doigts et les dents. On servit ensuite