Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur faire du mai : il a donné tout son pouvoir aux fétiches, et ne s’en est pas réservé.

On peut se reposer sans défiance sur le serment des Nègres, lorsqu’ils ont juré par leur fétiche, et surtout lorsqu’ils l’ont avalé. Pour tirer la vérité de leur bouche, il suffit de mêler quelque chose dans de l’eau, d’y tremper un morceau de pain, et de leur faire boire ce fétiche en témoignage de la vérité. Si ce qu’on leur demande est tel qu’ils le disent, ils boiront sans crainte ; s’ils parlent contre le témoignage de leur cœur, rien ne sera capable de les faire toucher à la liqueur, parce qu’ils sont persuadés que la mort est infaillible pour ceux qui jurent faussement. Leur usage est de râper un peu de leur fétiche, qu’ils mettent dans de l’eau ou qu’ils mêlent avec quelque aliment. Un Nègre qui s’engage par cette espèce de lien trouve plus de crédit parmi ses compatriotes qu’un chrétien n’en trouve parmi nous en offrant de jurer sur les saints Évangiles.

Les Nègres d’Issini n’ont point de temples ni de prêtres, ni d’autres lieux destinés aux exercices de la religion , que les autels publics et particuliers de leurs fétiches. Ils ne laissent pas d’avoir une sorte de pontife, qu’ils nomment osnon, et dont l’élection appartient aux brembis et aux bahoumets. Lorsque l’osnon meurt, le roi convoque l’assemblée de ses cabochirs, qui sont entretenus aux frais publics pendant le cours de cette cérémonie. Leur choix est libre, et tombe ordinairement sur