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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/263

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madriers des côtés de courts poteaux sur lesquels on élève le plat-bord. Mais comme ces poteaux seraient poussés en dehors par les bancs des rameurs, qu’on appuie jusqu’au nombre de dix ou douze, sur les deux madriers des côtés, on les retient par deux autres grandes pièces qui servent en même temps à affermir le plat-bord. Cette carcasse, formée de cinq grosses pièces qui se joignent aux deux extrémités du bateau, se garnit de lattes minces, larges de trois doigts, avec des côtes de baleine. Toute cette charpente est revêtue, en dedans et en dehors, de cuirs tannés de phoque. Mais au lieu de clous de fer, qui pourraient se rouiller et faire des trous dans les peaux de la couverture, on emploie des chevilles de bois et des courroies de baleine. Les Groënlandais construisent ces bateaux avec beaucoup d’adresse et de justesse, sans équerre, ni règle, ni compas. Leur mesure de proportions est dans la main et le coup d’œil. Tous leurs outils consistent dans une scie, un ciseau qui sert de hache quand on l’emmanche, une petite vrille, un couteau de poche bien pointu. Lorsque le constructeur a fait la charpente de son bateau, sa femme le revêt de cuirs fraîchement préparés et ramollis, dont elle calfate les coutures avec de la vieille graisse. Ainsi ces bateaux font bien moins eau que s’ils étaient entièrement de bois, parce que leurs jointures s’enflent et se serrent davantage. S’il venait à s’y faire un trou contre la pointe d’un rocher, une pièce y