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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/422

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colonies et de ramener les colons. On laissait le choix à Égède de s’en revenir avec eux, ou de rester dans le pays avec ceux qui ne voudraient pas le quitter ; et, dans ce cas, il pouvait prendre des vivres et des provisions pour un an, mais être bien assuré de ne plus recevoir aucune sorte de secours du Danemarck.

On juge aisément qu’il ne trouva pas beaucoup de monde qui ne préférât de partir. Les soldats qu’on offrait de lui laisser ne lui pouvaient être qu’à charge, et les matelots ne se souciaient point de rester avec eux. Quel chagrin pour cet homme si zélé de quitter, après tant de peines et de travaux, un établissement qu’il avait pour ainsi dire créé, et d’abandonner sans instruction et sans religion environ cent cinquante enfans baptisés de sa main ! Mais heureusement le vaisseau qui devait transporter les deux colonies se trouva trop petit pour embarquer tous les colons avec leur bagage. Comme les maisons et les effets allaient être la proie des nationaux ou des navigateurs étrangers, Égède obtint par grâce, à force d’instances, qu’on lui laissât dix matelots, avec des provisions pour les nourrir durant un an. Il resta seul de la mission, et ses deux autres collègues partirent avec le gouverneur, les officiers, les soldats, la plupart des colons, et six Groënlandais qui voulurent les suivre.

Au milieu de ce cruel abandon, il apprit que la colonie de Népisének avait été démolie une seconde fois par les navigateurs étrangers, et