Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coups de vents impétueux et redoublés forcèrent Degennes, qui avait déjà doublé le cap Froward, à le repasser, et à s’arrêter dans une baie située entre ce cap et la baie Famine. Elle reçut le nom de baie Française. Il se trouvait déjà à court de vivres ; en conséquence, après deux mois de séjour dans cette région ingrate, il rentra le 11 avril dans l’Océan atlantique ; le 21 avril 1697 il jeta l’ancre dans le port de la Rochelle.

Quoique l’expédition de Degennes n’eût pas rempli l’objet qu’on s’était proposé en France, il paraît néanmoins qu’elle inspira l’idée d’entreprendre des voyages dans le grand Océan. Quatre bâtimens partirent de la Rochelle le 17 décembre 1798, sous le commandement de Beauchêne-Gouin. Deux seulement doublèrent le cap des Vierges le 24 juin 1699. Le 3 juillet on était au port Famine ; quoique l’on fût au milieu de l’hiver de ces régions, le froid ne parut pas excessif. Beauchêne eut la curiosité de descendre à la Terre du Feu ; il y trouva des bandes de sauvages qui étaient fort doux ; ils se laissèrent approcher sans difficulté. On en mena trois à bord, où on les fit bien chauffer, car ils paraissaient très-frileux ; faute d’être habitués au pain, ils ne mangèrent pas de bon appétit. On les ramena le lendemain. Dans la traversée du canal, qui a bien cinq lieues de large en cet endroit, un des matelots de Beauchêne se laissa, par inadvertance, tomber dans la mer, où il fut noyé. Ses camarades en furent