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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/144

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il but, qu’il n’était pas altéré ; cependant il ne laissait pas d’uriner tous les jours, tantôt plus, tantôt moins.

» C’est quelque chose d’extraordinaire que durant tout ce voyage nous ne vîmes pas un seul poisson, pas même de poissons volans, ni aucune sorte d’oiseaux, qu’une seule fois. À 1660 lieues du cap Corrientes, nous aperçûmes un grand nombre de boubies ; nous crûmes qu’ils venaient de certains rochers dont nous savions, par nos cartes marines, que nous n’étions pas éloignés, mais dont nous n’eûmes pas connaissance.

» Après avoir parcouru mille neuf cents lieues, suivant notre calcul, qui est ce que les Anglais comptent du cap Corrientes à Guam, nos gens commencèrent à murmurer contre le capitaine Swan, qui leur avait fait entreprendre le voyage ; mais il continua de les payer de belles paroles, et leur dit que le compte des Espagnols, qui estimaient la distance à deux mille quatre cents lieues était peut-être le meilleur, et que, comme il y avait apparence que le vent favorable continuerait, un peu de temps mettrait fin à nos peines.

» En approchant de l’île, nous eûmes une petite pluie, et l’air se couvrit de nuages du côté de l’ouest, signe manifeste que nous n’étions pas loin de terre ; car dans ces climats, entre les tropiques ou à peu de distance, où les vents alisés soufflent constamment, les nuages, qui passent rapidement en l’air, semblent pour-