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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/369

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cale, ces tuyaux assuraient les Anglais contre toutes les entreprises de leurs prisonniers, qui n’auraient pu déboucher par un canal de sept ou huit pieds de haut ; et, pour en augmenter la difficulté, on braqua contre cette ouverture quatre pierriers chargés de balles, près desquels on posta des sentinelles, la mèche allumée à la main, avec ordre d’y mettre le feu au premier mouvement des Espagnols. Leurs officiers, au nombre de dix-huit, furent logés dans la chambre du premier lieutenant, avec une garde de six hommes ; et le général même, qu’on fit coucher dans la chambre du chef d’escadre, eut une sentinelle près de lui. D’ailleurs tous les prisonniers étaient bien avertis que le moindre trouble serait puni de mort ; et ces précautions n’empêchèrent pas que l’équipage anglais ne se tînt prêt à la moindre alarme. Tous les fusils étaient chargés et placés à vue d’œil ; les matelots ne quittaient pas leurs sabres ni leurs pistolets ; et les officiers, se couchant tout vêtus, dormaient avec leurs armes à côté d’eux.

L’auteur ne fait pas difficulté d’avouer que la condition des Espagnols était déplorable. Outre la chaleur, qui était excessive, ils souffraient à fond de cale toutes les incommodités d’une horrible puanteur. La ration d’eau qu’on leur accordait par jour suffisait à peine pour les empêcher de mourir de soif, puisqu’elle n’était que d’une pinte ; on ne pouvait leur en donner davantage dans un temps où l’équipage même n’avait que la moitié de plus. Il parut surpre-